• Légendes

    "Chaque culture possède ses légendes. Vraies ou fausses, elles ont bercé nos croyances et continuent de nous hanter." Evene.fr

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    Il existe deux légendes à cet arbre, à vous de choisir celle qui vous plaira le plus...

      

    Pontus, chevalier de légende

    Au plus profond de la forêt de Brocéliande, le hêtre de Pontus s’est élevé sur les vestiges d’un château détruit, jadis, par Dieu lui-même.

    En ces temps-là, le chevalier de Pontus désespérait de ne point avoir de progéniture. 'Il me faut un enfant, qu’il vienne du diable ou de Dieu !', s’écria-t-il du haut de la plus haute des tours de son château. Dieu fit la sourde oreille. Mais le diable était tout ouïe. Le Malin prit le chevalier au mot : neuf mois plus tard, à la faveur d’une éclipse de lune, la châtelaine accouchait d’un petit monstre velu. A peine sorti du ventre de sa mère, le petit diable sauta sur le haut d’une énorme armoire puis se blottit sous un buffet. 'Sinistre présage !' prophétisa la sage-femme avant de s’enfuir à toutes enjambées.

    En ces temps là, il fit grand vent. La tempête venait de l’océan. Elle épargna la forêt, mais détruisit le château qui, emporté par une bourrasque, s’écroula sur ses occupants. Le souffle de l’apocalypse avait renversé les remparts pour laisser place à un magnifique hêtre qui domine toujours les hauteurs de Brocéliande.

      

      

     

    La belle Sydoine

     

    Une autre légende, plus jolie celle-là, raconte les amours de Pontus et de la belle Sydoine. Pontus, fils du roi de Galice, est chassé de son pays par les Sarrasins. Le prince fuit par la mer et rejoint le port de Vannes. Il y est accueilli par le roi de Bretagne. A la cour du monarque, Pontus rencontre Sydoine : ils se plaisent. Or les Sarrasins débarquent à Brest. Ils menacent la Bretagne. Une violente bataille s’engage. Pontus fait preuve d’une grande bravoure : l’envahisseur est vaincu. En récompense, le prince est fait connétable et le roi lui accorde la main de Sydoine. Mais jaloux, le propre ami de Pontus, Guennelet, trahit son maître. Il le calomnie : le prince est banni de la cour. Où se réfugie-t-il ? Dans la forêt de Brocéliande bien sûr.

     

    Sept ans se passent. Guennelet, n’ayant pu obtenir les bonnes grâces de Sydoine, décide d’en finir avec Pontus. Le traître se rend en Brocéliande où il défie le valeureux chevalier. Un combat à mort s’engage. Pendant douze jours, les deux hommes s’affrontent dans un corps à corps monstrueux. Au soir du douzième jour, Pontus tranche la tête d’un Guennelet épuisé. Rien ne s’oppose alors à son retour à la cour du roi de Bretagne où il épouse Sydoine en justes noces.Pour commémorer sa victoire, Pontus fera planter un hêtre sur le lieu même du combat.

     

    Légende ou réalité? Cet arbre est pourtant bien vivant , et très difficile a trouvé !

     

    Et ce qui est encore plus étonnant, c'est qu'il a poussé au milieu d'une forèt de conifères, chose particulièrement difficile voir impensable pour ce genre d'arbres .

    L'arbre à Ponthus

     


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  • Viviane, qui était née dans la forêt de Brocéliande , s'était fait construire un petit refuge sur les hauteurs de la forêt, dans lequel elle aimait se réfugier pour échapper à la vie de palais de son père.

    C'est un des lieux où elle se retirait avant de rencontrer Merlin qui lui construisit par la suite, le palais de verre dans le lac de Comper.C'est en ces lieux que Merlin aurait livré ses secrets à Viviane, avant que celle-ci ne trace les cercles magiques et ne l'enferme dans une prison sans chaînes ni murailles.

      

    L'hotié de viviane

     


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    L'arbre d'or

    L'arbre d'or

    L'Arbre d'Or serait un arbre qui appartenait à des lutins. Ces lutins venaient tout les matins ramasser les feuilles d'or qui poussaient sur l'arbre. Avec ces feuilles d'or, les êtres mystiques fabriquaient une potion pour redonner vie aux arbres de la forêt. Mais un jour une fillette, en ramassant du bois vit l'arbre, elle le toucha et se transforma en arbre brulé au pied de l'arbre d'or. Le soir, inquiets de ne pas revoir la fillette, 3 hommes du village la cherchèrent. Ils virent l'arbre le toucha et se transformèrent en arbres brulés. Le lendemain, les lutins vinrent pour rammasser les feuilles d'or, mais dès qu'ils les touchèrent ils se transformèrent en pierres. On dit que pour conjurer le sort, un enfant doit retrouver la recette de la potion...


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    LA FORTERESSE DU VAL SANS RETOUR  

    Non loin de Tréhorenteuc, existait autrefois un château enchanté dans lequel on pouvait entrer mais non sortir si l’on avait commis à l’égard de sa dame une quelconque infidélité d’action ou seulement de pensée. C’est Morgane qui l’avait édifié. Morgane était la soeur du roi Arthur. Plus qu’aucune autre fée, elle connaissait le secret des charmes et des enchantements. 

    Réfugiée dans la forêt pour y vivre avec son amant Guyomard, elle fréquentait si peu les humains qu’on ne la croyait plus une femme mais une fée. Un jour, elle s’aperçoit que Guyomard lui échappe. Il lui préfère une demoiselle de grande beauté qu’il retrouve au fond d’un val bien fait pour dissimuler les amours interdites.   Morgane est avertie. Elle accourt et surprend les amants dans le moment où ils se donnent “les plus tendres témoignages d’amour”. Peu s’en faut qu’elle n’en meure de douleur. Puis, revenant à elle, elle jette sur le val un enchantement dont la vertu consiste à retenir à jamais tout chevalier errant qui aurait fait à son amie la moindre infidélité.

    Guyomard est le premier pris.
    Seul un chaste et franc chevalier peut rompre le maléfice. (…)
    Suivons Galeschin qui vient de S’y aventurer.Il arrive devant une porte trop basse et trop étroite pour un cavalier. Il descend donc, laisse son cheval, jette son glaive, pose son écu au bras gauche, brandit son épée, et, la tête baissée, s’engage dans une allée longue, étroite et assez obscure.

    À l’extrémité de l’allée, il voit deux énormes dragons jeter par la gueule de grands flocons de flamme. Involontairement Galeschin fait un mouvement en arrière. Mais la honte le retient de reculer. Et, au moment où les dragons s’élancent sur lui, il avance.
    Ils jettent leurs griffes sur l’écu, déchirent les mailles du haubert, pénètrent dans la chair jusqu’au sang. Le duc ne recule pas : il donne de son épée dans tous les sens. Et passe outre. Une rivière bruyante et rapide se présente alors à lui.Une planche longue étroite, instable, l’enjambe. À peine Galeschin y a-t-il posé le pied que deux chevaliers armés apparaissent sur l’autre rive pour lui défendre le passage. S’il chancelle, il se noie.
    Galeschin ne recule pas. Le premier chevalier lève son glaive, le second frappe le heaume. Galeschin glisse dans l’eau. Il se croit perdu. il sent les angoisses de la mort. Mais, comme il était déjà pâmé, on le tire de l’eau avec des crocs de fer. Dans le pré, il ouvre les yeux. Un chevalier le somme de se rendre. Se dressant à genoux, Galeschin ne répond pas. D’un coup d’épée on le fait retomber.(…) Quatre sergents alors le prennent, le désarment et l’emportent dans un jardin où se trouvent d’autres chevaliers. (…)
    Le duc revient de pâmoison. Chacun le réconforte et le console du mieux qu’il peut. Galeschin apprend alors à ceux qui l’entourent qu’il est le duc de Clarence, fils du roi Tradelinam de Norgalles et compagnon de la Table Ronde. Il y a là Aiglin des Vaux, Gaheris de Caraheu, Kae dit le Beau. Ils lui apprennent comment ils se trouvent retenus dans le Val, comment le plus preux ne doit pas espérer d’en sortir, pour peu qu’il ait faussé de rien ce qu’il devait à son amie.(…) Où trouver le chevalier qui, dans le cours de ses amours, aura constamment éloigné toute oeuvre et tout désir d’inconstance? Est-il un seul fils de mère pur de toute infidélité à l’égard de son amie de coeur?

    Au moment même où le duc se lamente ainsi, le plus hardi et le plus franc de tous les chevaliers arrive avec messire Yvain devant l’enceinte vaporeuse. Il laisse Yvain tenter l’épreuve. Yvain échoue.
      - Par Dieu, dit Lancelot, il faut savoir aujourd’hui si les deux cents chevaliers prisonniers de Morgane retourneront jamais à la cour d’Arthur.
      Et Lancelot de pénétrer à son tour dans le val. Il arrache la langue d’un dragon, étrangle l’autre. Défait les gardiens du pont. Traverse une muraille de flamrnes. Trois chevaliers porteurs de grandes haches lui interdisent un escalier. Il défait les deux premiers, le troisièrne arrache l’épée des mains s’enfuit et va se cacher dans un pavillon sous le lit où dort Morgane. Lancelot, qui le serre de près, prend à deux mains sommier et couvertures, et les renverse “ce dessus dessous”. Morgane pousse un grand cri que Lancelot reconnaît pour être celui d’une femme. il en a grand regret, mais continue la poursuite du chevalier, le joint quelques salles plusloin, le saisit d’une main et, du tranchant de son épée, lui sépare la tête des épaules, Cela fait, il retourne au pavillonet s’agenouille devant Morgane encore tout éplorée:

                  -Dame, dit-il, je vous offre la tête de ce félon chevalier, pour l’amende de l’outrage que je vous ai fait sans le savoir.
                  - Ah! s’écrie Morgane, jamais amende n’effacera pareille injure! (…)
    Un valet accourt et dit à Morgane:
                  - Dame, apprenez de merveilleuses nouvelles. La couturne établie par vous est abattue; les sorties sont libres, plus de cent chevaliers les ont déjà reconnu.
                  En même temps paraît le chevalier Guyomard à qui le Val sans Retour avait été destiné.
                  -Bien soit venue, s’ écrie-t’il, la fleur de tous les preux!
                  - Dites plutôt, mal soit-elle venue! répond Morgane. Maudite soit l’heure où tant de hardiesse lui fut donnée.
                  Maudit soit-il pour être venu dans ce val, et honnie soit la dame qu,il a loyalement aimée! Par la vertu de Lancelot la forteresse du val avait disparu. Grâces lui en soient rendues! Moi qui n’ai peut-être pas toujours été un chevalier sans reproche, je me suis promené dans le Val et j’en suis ressorti.

    Extrait: Châteaux Fantastiques de Bretagne, rassemblés par Olivier Eudes, édition Terre de Brume               Dernière modification: Lundi 22 septembre 2009


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    Le chevalier noir

    La fontaine de barenton

    L'empereur Arthur se trouvait un jour dans sa chambre, à Kerleon-sur-Osk; en compagnie des chevaliers Owein ab Kledno et Keu ab Kenir. Guenièvre et ses suivantes cousaient près de la fenêtre. L'empereur était assis sur un siège de joncs verts recouvert d'un manteau de satin orangé et son coude reposait sur un coussin de satin rouge.

    - Hommes, dit-il, si vous ne vous moquiez pas de moi, je ferais bien un petit somme en attendant le souper. Pour vous, vous pouvez bavarder et vous servir à discrétion de pots d'hydromel et de tranches de viandes.

    Il s'endormit et les trois chevaliers commencèrent par vider plusieurs gobelets de l'excellent chouchenn des caves impériales, ce qui leur fit voir la vie sous son jour le plus favorable et leur délia merveilleusement la langue. Keu demanda alors à Kenon de raconter une de ses aventures et Kenon ne se fit pas trop prier.

    - J'étais encore jeune, commença-t-il, quand je m'en fus en petite Bretagne chercher quelques prouesses à accomplir. J'arrivais un soir à un château-fort où je reçus le meilleur accueil. Des jeunes filles dont la plus laide était certainement plus belle que toutes celles que toi, Keu, tu as jamais pu voir, me désarmèrent, me lavèrent, prirent soin de mon cheval et de mes armes et me servirent à table. Pendant le repas, le maître de maison me dit que s'il n'avait craint qu'il ne m'en advînt trop de mal, il aurait pu m'indiquer l'exploit que je cherchais. Je lui répondis que j'aurais grand chagrin s'il ne me l'indiquait pas. Il m'expliqua alors que qu'il faudrait que j'aille jusqu'à la lisière de la forêt de Brocéliande et que, sur un tertre, je trouverais un géant noir n'ayant qu'un seul pied et un seul oeil au milieu du front, qui serait occupé à faire paître un troupeau d'animaux sauvages. Si je le lui demandais poliment, il me montrerait le chemin de la fontaine de Barenton. Arrivé près de la fontaine, il faudrait que je remplisse d'eau le bassin d'argent attaché par une chaîne à une dalle de granit, et que je jette cette eau sur la dalle. Alors m'adviendraient d'effroyables aventures.

    Je couchais au château et, dès le lendemain matin, à la première heure, je sellai mon cheval et me mis en route vers la lisière de la forêt de Brocéliande. Sur un tertre, je trouvai le géant noir n'ayant qu'un seul pied et un seul oeil au milieu du front, qui faisait paître un troupeau d'animaux sauvages, cerfs, chevreuils, sangliers, aurochs, castors, vipères et autres. Quand je le lui eus demandé poliment, il m'indiqua le chemin de la fontaine de Barenton. Je suivis ce chemin, et sous un grand chêne dont l'extrémité des branches étaient plus vertes que le plus vert des sapins, je trouvai la fontaine avec la dalle de granit et le bassin d'argent attaché par une chaîne. Je pris le bassin et le remplis d'eau que je jetai sur la dalle. Aussitôt j'entendis un si grand coup de tonnerre qu'il me sembla que le ciel et la terre éclataient. Puis il se mit à tomber une averse de grêle si violente que c'est à peine si je pus conserver la vie sauve. Après cette averse, le soleil recommença à briller. Il ne restait plus au grand chêne une seule feuille. Alors vint une volée d'oiseaux qui descendirent sur l'arbre et se mirent à chanter.

    Au moment où je prenais le plus de plaisir à les entendre, voilà que des plaintes me parvinrent et s'approchèrent. Une voix me reprocha : "Chevalier, que me voulais-tu ? Quel mal t'ai-je-fait pour que tu me fisses à moi et à mes sujets ce que tu m'as fait aujourd'hui ? Ne sais-tu pas que l'ondée n'a laissé en vie ni créature humaine, ni bête qu'elle ait surprise dehors ?" Et je vis arriver un chevalier vêtu de noir, montant un cheval noir. Il baissa sa lance et me chargea. Je chargeai aussi et le choc fut rude. Hélas ! je fus bientôt culbuté. Le chevalier passa le fut de sa lance à travers les rênes de mon cheval et s'en alla avec les deux chevaux, en me plantant là, sans même me faire l'honneur de me faire prisonnier.

    Je m'en revins tout penaud, à pied, et crus fondre de honte en entendant les moqueries du géant noir, lorsque je passai près de lui. Je retournai au château où j'avais dormi la nuit précédente et j'y fus reçus avec la même courtoisie. Personne ne fit la moindre allusion à mon expédition à la fontaine et le lendemain matin, le maître de maison me fit don d'un excellent cheval, alezan cuivré, avec lequel je pus regagner la cour. Mais jusqu'à ce jour je m'étais bien gardé d'avouer cette aventure à qui que ce fût.

    - Compagnons, dit Owein, ne serait-il pas bien de chercher à la tenter de nouveau ?

    - Par moi et Dieu ! s'exclama Keu, ce n'est pas la première fois que ta langue propose ce que ton bras ne ferait pas.

    - En vérité, intervint la reine Guenièvre, tu mériterais d'être pendu, Keu, pour tenir des propos aussi outrageants envers un chevalier comme Owein.

    Owein ne répondit rien, mais le lendemain, au point du jour, il était à cheval et quittait Kerléon-sur-Osk. Peu de temps après, il arrivait en Armorique et se dirigeait vers la forêt de Brocéliande. Il se présenta au château dont avait parlé Kenon, y fut reçu courtoisement, désarmé, lavé et servi par les plus jolies filles qu'il eût jamais vues. Au repas, le seigneur des lieux lui demanda le but de son voyage.

    - Je voudrais, répondit-il, me mesurer avec le chevalier noir qui garde la fontaine de Barenton.

    Le seigneur sourit et chercha à l'en dissuader, mais en vain. Il lui donna alors toutes les explications nécessaires sur le chemin qu'il fallait prendre.

    Le lendemain, dès l'aube, Owein chevauchait vers la lisière de la forêt. Il trouva, sur son tertre, le géant noir n'ayant qu'un seul pied et un seul oeil au milieu du front, qui faisait paître son troupeau d'animaux sauvages. Il lui demanda la route et le géant la lui indiqua. Comme Kenon, il trouva sous le grand chêne la fontaine avec la dalle de granit et le bassin d'argent attaché à la dalle par une chaîne. L'eau de la fontaine bouillait à grosses bulles bien qu'elle fût glacée. Il en remplit le bassin et aspergea la dalle. Aussitôt, voilà un coup de tonnerre, bien plus fort que encore que ne l'avait dit Kenon., puis l'averse de grêle, bien plus violente encore que ne l'avait laissé entendre Kenon. Owein était convaincu qu'aucun être vivant surpris dehors par une pareille ondée n'y survivrait. Pas un grêlon n'était arrêté par la peau ni par la chair : ils pénétraient tous jusqu'à l'os. Il tourna la croupe de son cheval contre l'averse, plaça son bouclier sur la tête de l'animal et sur sa crinière et, coiffé de son casque, attendit le retour du beau temps. Il jeta les yeux sur le grand chêne : il n'y restait plus une feuille.

    Alors le soleil recommença à briller, les oiseaux descendirent et se mirent à chanter. il n'avait jamais entendu et ne devait jamais plus entendre de sa vie, de musique comparable à celle-là. Mais alors qu'il était sous le ravissement, il entendit soudain une voix qui venait vers lui en adressant des reproches véhéments et il vit déboucher le chevalier noir, sur son cheval noir. Ils se jetèrent à la rencontre l'un de l'autre et se heurtèrent rudement. Ils brisèrent leur deux lances, tirèrent leurs épées et s'escrimèrent. Après de violentes passes d'armes, Owein donna au chevalier noir un tel coup qu'il traversa le heaume, la cervelière et la ventaille et atteignit, à travers la peau, la chair et les os jusqu'à la cervelle.

    Le chevalier noir sentit qu'il était blessé à mort. Il tourna bride et s'enfuit. Owein le poursuivit, le serrant de près sans toutefois pouvoir le frapper de son épée. Ils arrivèrent à l'entrée d'un grand château. Le chevalier s'engouffra sous le porche et les gardes le laissèrent passer, mais ils laissèrent retomber la herse sur Owein. La herse atteignit, derrière lui, le troussequin de sa selle, coupa son cheval en deux, enleva les molettes de ses éperons et ne s'arrêta qu'au sol. La moitié du cheval et les molettes des éperons restèrent dehors tandis qu'Owein était pris comme dans un piège.

    Il était au comble de l'embarras, lorsqu'il aperçut, à travers la jointure de la porte, une jeune fille aux cheveux blonds frisés, la tête ornée d'un bandeau d'or, qui demandait qu'on lui ouvrît.

    - En vérité, lui dit-il, il ne m'est pas plus possible de t'ouvrir d'ici que tu ne peux toi-même de là me délivrer.

    - C'est grande pitié, s'exclama-t-elle, qu'on ne puisse te délivrer ! Tu es bien le plus noble et vaillant chevalier que j'aie rencontré et c'est le devoir d'une femme de te rendre service. Prends cet anneau et mets-le à ton doigt : lorsque tu en tourneras le chaton à l'intérieur de ta main, tu deviendras invisible.

    Lorsque les autorités de la ville vinrent chercher Owein pour le livrer au supplice, il tourna le chaton de l'anneau à l'intérieur de sa main et ils ne le trouvèrent pas. Il put ainsi sortir et il se rendit au donjon où il retrouva la jeune fille qui l'avait sauvé. Comme elle était seule dans la lingerie, il tourna l'anneau dans l'autre sens et se fit voir d'elle. Elle lui dit qu'elle s'appelait Lunet et était la demoiselle de compagnie de la Dame de la Fontaine, l'épouse du Chevalier Noir. Puis elle le conduisit à une chambre isolée où elle lui alluma du feu dans la cheminée et lui servit un fin souper.

    A ce moment ils entendirent de grands cris dans le château. Owein demanda à la jeune fille quels étaient ces cris et elle lui répondit que l'on donnait l'extrême onction au maître du château, le Chevalier Noir. Le lendemain matin, on entendit de nouveau de grands cris et Owein demanda à la jeune fille ce qu'ils signifiaient. Elle lui dit que le maître du château venait de mourir. L'après-midi retentirent des cris et des lamentations encore plus douloureux. Owein interrogea de nouveau la jeune fille, qui lui expliqua que l'on portait en terre le corps du seigneur, maître du château. Owein se mit à la fenêtre et regarda le cortège. Derrière le char funèbre marchait une femme aux cheveux blonds flottants, vêtue d'une robe de satin jaune, la couleur du deuil chez les Bretons, à l'époque. Son visage était baigné de larmes. Elle était si merveilleusement belle qu'en la voyant, Owein s'enflamma d'amour pour elle.

    Il demanda à la jeune fille qui elle était.

    - C'est, répondit-elle, la plus belle des femmes, la plus généreuse, la plus sage et la plus noble : c'est ma maîtresse, la Dame de la Fontaine.

    - Dieu sait, soupira-t-il, que c'est la femme que j'aime le plus.

    - Dieu sait que tu es l'homme qu'elle déteste le plus. Mais ne te soucie de rien, j'irai faire la cour pour toi.

    Je crois bien qu'elle avait le coeur gros que ce fût sa maîtresse qu'Owein aimait le plus, mais elle était si bonne et si généreuse qu'elle alla tout de suite la trouver pour lui parler de lui. Quand elle arriva près d'elle, la Dame lui reprocha de s'être absentée au lieu de rester la consoler dans son chagrin.

    - En vérité, observa Lunet, je n'aurais jamais pensé que tu eusses si peu de sens. Tes lamentations ne te rendront pas ton époux. Il vaudrait mieux pour toi songer à défendre tes terres et pour cela, chercher à réparer la perte de ce seigneur.

    - Par moi et Dieu, je ne pourrai jamais remplacer mon seigneur par un autre homme au monde.

    - Tu pourrais épouser qui vaut encore mieux que lui.

    - Par moi et Dieu, s'il ne me répugnait de faire périr une personne que j'ai élevée, je te ferais mettre à mort pour cette parole.

    - Je suis heureuse que tu n'aies à cela d'autre motif sur mon désir de t'indiquer ton bien quand tu ne le vois pas toi-même. Adieu !

    Lunet sortit en claquant la porte mais la dame se leva, rouvrit la porte et toussa fortement. Lunet se retourna. Sa maîtresse lui fit signe et elle revint près d'elle.

    - Que tu as mauvais caractère! Si c'est mon intérêt que tu veux m'enseigner, dis-moi ce qu'il conviendrait que je fasse.

    - Seul un chevalier de la cour d'Arthur peut défendre ta fontaine et, par conséquent, défendre tes Etats. J'irai à la cour et honte sur moi si je n'en ramène un guerrier qui gardera la fontaine aussi bien ou même mieux que celui qui l'a fait avant.

    Elle fit semblant de partir pour la cour d'Arthur mais, en réalité, resta cachée dans sa chambre, avec Owein, pendant plus d'un mois. Alors elle alla présenter Owein à sa dame, comme si elle venait de le ramener de Kerléon-sur-Osk. La dame considéra le chevalier avec attention.

    - Lunet, dit-elle, ce seigneur n'a pas l'air de quelqu'un qui a voyagé. Par Dieu et moi, ne serait-ce pas le meurtrier de mon mari ?

    - Ce n'en est que mieux pour toi, princesse, rétorqua Lunet ; s'il n'avait pas été plus fort que lui, il ne lui eut pas enlevé l'âme du corps.

    La dame demanda à réfléchir mais, au fond d'elle-même, elle était déjà convaincue. Peu de temps après, les épousailles avaient lieu et Owein garda la fontaine, avec lance et épée, tant qu'il vécut. Tout chevalier qui y venait, il le renversait et le vendait pour sa valeur, et il partageait le prix entre ses barons et ses chevaliers. Aussi était-il aimé de tous ses vassaux.

    Aujourd'hui, la fontaine de Barenton n'est plus gardée. Mais vous pouvez toujours, comme autrefois, en répandre l'eau sur la dalle de granit et, si vous avez le coeur pur, vous déclencherez une violente averse. Je connais des gens qui l'on fait.

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    Extrait de "Contes et Légendes du pays Breton", Yann Brekilien

    Contribution de Catherine Soubeyrand.


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